louxor

 

     Louxor est le deuxième long métrage de la réalisatrice britannique Zeina Durra, dix ans après son premier film The imperialists are still alive ! Il a d’abord été présenté au festival de Sundance en 2020, festival qui met à l’honneur le cinéma indépendant (américain principalement mais pas que) dans la catégorie « World Cinema Dramatic Competition ». Il est à l’affiche en France depuis le mois de juillet.

 





         Louxor c’est une petite ballade d’une heure et demie dans la ville égyptienne que le personnage principal Hana, médecin (jouée par la très bonne Andrea Riseborough), connait bien puisqu'elle a visité Louxor il y a de nombreuses années de cela. Elle pose ainsi ses bagages dans cette ville qu'elle a tant aimée et tente d’oublier les horreurs vues lorsqu’elle soignait en zone de combat en Syrie. La nature même de cette escapade à Louxor est dès lors ambigüe : le personnage n’est pas seulement venue se reposer et visiter. Hana est en quête d’une vérité, elle est à l’écoute des moindres bruits de la ville, des moindres couleurs et sous la caméra de Zeina Durra, la ville devient un personnage à part entière comme ces pierres qui semblent parler et confier leur savoir ancestral à ceux qui veulent bien les écouter. Et Hana écoute, cherche une vérité, une raison de rester peut-être. 

 



         Cette quête intérieur est toutefois perturbée par la présence d’un ancien amour croisé par hasard dans la ville égyptienne en la personne de Sultan, archéologue.(interprété par le franco-libanais Karim Saleh). Les ruines qu’elle parcoure ce sont donc celles de l’Egypte antique, mais aussi celles de sa jeunesse et de ses amours passés. La métaphore est un peu facile, convenue même, mais empreint le film d’une douce mélancolie.




                        Il y a quelque chose de beau dans la manière dont cette relation est bâtie sur la nostalgie et les non dits, ce qui l’a à la fois préservée et en même temps menace à chaque instant de la défaire pour de bon. Malheureusement, la cinéaste hésite entre film d’introspection et romance et n’arrive pas vraiment à concilier les deux. Quelques moments de fantaisie dans la romance viennent re-dynamiser le récit et épouser à merveille le cadre de Louxor mais ces scènes sont trop rares et l’heure et demie, bien que jamais ennuyante, ne passionne pas. Il est d'ailleurs intéressant de constater que ces moments se passent à l'hôtel (la scène de la piscine ou celle du téléphone) et non pas dans les lieux plus pittoresques, comme si le caractère magistral des monuments égyptiens ne pouvait se marier à la trivialité de cette relation. Ainsi, la sacralisation de l'endroit ne peut mener qu'à un récit convenu : l’histoire d’amour manque de fougue, l’alchimie entre les acteurs n’est jamais utilisée et le potentiel romanesque gâché par une manière d’exprimer la lassitude et les regrets qui figent le récit et rend l’atmosphère plombante, loin des promesses qu’un cadre tel que Louxor laissaient entrevoir.

 



Louxor est également un lieu empli de mysticisme et si la réalisatrice réussit dans quelques très belles scènes à nous faire ressentir l’énergie des lieux, elle se complait malheureusement dans des considérations sur la spiritualité qui s’égarent trop dans la superstition et des lieux communs sur le mystique un peu embarrassants. J’aurais préféré que le mystère se fasse ressentir plus à travers la mise en scène et moins dans des lignes de dialogues creuses.



         En outre, le personnage de Hana demeure difficile à cerner, pas à cause du mystère qui entoure sa personne et qui au contraire aurait pu épouser l’ambiance générale du film, mais parce qu’il était selon moi mal écrit. Comment raconter la mal être d’Anna qui est, entre autres, un traumatisme dû à la guerre, et qui par essence ne peut donc pas se raconter ? Il aurait fallu le montrer et ne pas faire du personnage un être superficiel qui au final n’est rien d’autre que des yeux et une bouche : les yeux qui admirent les pyramides, les yeux qui se voilent lorsqu’un souvenir les ramènent à un passé lointain, la bouche qui s’ouvre pour dire quelques mots d’arabe à un chauffeur de taxi amical ou encore celle qui se plisse d’un sourire en repensant à des souvenirs lointains. Reste la beauté de la ville, l’indolence du récit qui nous ballote sous la chaleur accablante égyptienne pendant une petite heure et demie au rythme d’un lent voyage sur le Nil. Une belle ballade mais qu’on oublie vite aussitôt qu’on a rejoint la rive. 


DURRA, Zeina, Louxor. Rezo Films, 2020, 86 minutes. 

Commentaires

  1. MERCI je n'ai pas vu le film ,mais je pense je vais le voir
    j'aime bien ta façon de commenter ce film
    j'ai vu dernièrement présumé coupable ,et j'aimerais avoir tes commentaires

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    1. je le verrai aussitôt que possible, merci pour ton commentaire

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