Une parenthèse flauberienne : Un coeur simple
Il m'aura fallu
moins de quarante minutes pour terminer Un cœur simple mais
j'ai eu l'impression d'accompagner Félicité toute une vie. Cette
nouvelle courte présente en moins de 70 pages l'existence de la
domestique Félicité. Pouvoir saisir l'essence de ce qu'est la vie
en si peu de pages relève du génie, sinon de la magie. Un
cœur simple c'est une peinture
de la vie en ce qu'elle a de simple : La vie de Félicité
demeure banale, ce n'est qu'une succession d'événements plus ou
moins majeurs, comme la plupart d'entre nous expérimentent leur
propre existence : entre devoirs et plaisirs, désillusions et
espoirs. Mais le texte montre aussi ce que la vie a de complexe et
souvent, j'ai été frappée par la fougue de Félicité ou par ses
lubies étranges, comme son attachement à son perroquet.
La seconde chose qui m'a saisie dans ce court
texte, ce sont les descriptions de Flaubert. Les mots « description »
et « Flaubert » sont d'une certaine façon associés, on
ne pense pas à l'un sans penser à l'autre. Il y a une raison à
cela. La beauté ne réside pas seulement en ces descriptions mais
aussi à ce qu'elles évoquent, ce qu'elles suggèrent. La magie
s'éveille à nouveau dans les mots quand les détails d'une senteur
ou d'un goût nous font littéralement sentir les éléments
décrits : une fleur, une soupe, des regrets … tout cela
créant une atmosphère spécifique, celle que seuls les histoires
bien écrites qui parlent de petits villages et d'histoires de
famille arrivent à créer pour montrer ce qu'une histoire simple
peut avoir de réconfortant.
Et puis, il y a le personnage de Félicité. Je
l'ai aimée cette femme. Je l'ai aimée elle et j'ai encore plus aimé
l'amour qu'elle donnait aux autres, son affection envers les enfants
tout particulièrement. En la voyant évoluer et perdre tout ce
qu'elle avait,, on a l'impression que tout se perd, que rien ne peut
subsister à la fin : les personnages s'en vont les uns après
les autres, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que Félicité. Et
bientôt, elle-même finit par s'en aller. Que reste-t-il alors ?
Rien ?Peut-être les dernières traces d'un existence modeste mais
tragiquement belle même si la beauté est vouée à mourir. Même si
les moments de grâces dans le rien s'en s'ont allés. Donc oui, la
vie d'un cœur simple l'est peut-être tout autant. Mais le mystère
de l'âme humaine demeurera. Et il tire le tout vers le grand, vers
le sublime.
J'ai lu ce petit compte il y a 2/3 ans et j'avoue que je ne m'en souviens pas vraiment, ta chronique me fait donc penser qu'il faudrait que je le relise ! Je le garde en tête.
RépondreSupprimerMerci pour cet avis très élogieux, ça donne envie :-)
Merci à toi pour ce sympathique commentaire et oui, c'est un livre que je relirai moi même un de ces jours :D
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