« The girl sitting here right now, dejected and guarded and covered in dust—how can this be the best version of me? »
C'est la dernière année de Mercedes au lycée. Alors que sa grand-mère tombe gravement malade, forçant sa mère à la laisser sa petite soeur et elle toutes seules, nous suivons le quotidien de l'adolescente. Le premier chapitre commence avec un piano tombé du ciel qui n'est que le début des étrangetés que nous suivrons au fil des pages. Ces quelques semaines sans parents seront l'occasion pour Mercedes d'apprendre à mieux se connaître, entre le rapport complexe qu'elle entretient avec son art (après avoir gagné un prix pour une de ses peintures, elle a perdu toute inspiration), sa relation avec sa soeur et sa meilleure amie (dont elle est amoureuse) et sa rencontre avec une mystérieuse colocataire qui lui ouvre la porte d'un endroit où créer ne paraît plus si difficile que cela...
Je dois dire qu'en commençant le roman je m'attendais à une romance mais, d'entrée de jeu, il a été clair que Lauren Karcz a voulu se concentrer avant tout sur la relation que Mercedes entretenait avec son art. L'Art est un personnage à part entière de ce roman étrange et j'avoue que ça a été mon aspect préféré du livre. La façon dont le syndrome de la page blanche est abordé, la quête perpétuelle d'un "quelque chose"qui relancerait sur les rails de la créativité ... oui, si histoire d'amour il y a, c'est avant tout entre le personnage principal et son art qu'elle aime viscéralement et qui l'habite.
D'autre part, the gallery of unfinished girls est un roman de réalisme magique, "magical realism", genre popularisé par des auteurs sud-américains tels que Gabriel Garcia Màrquez ou Isabel Allende dans la seconde moitié du XX ème siècle. Il n'est d'ailleurs pas anodin que l'auteur choisisse de donner à son personnage une origine portoricaine. J'y ai lu un hommage aux maîtres sud-américains du réalisme magique dont l'auteur s'est clairement inspirée. Pour un premier roman, j'ai apprécié la créativité dans l'intrigue comme dans le language avec un travail sur les métaphores qui n'était pas toujours convainquant mais qui a parfois su me toucher.
Cependant, je n'ai ressenti aucun attachement aux personnages, surtout pas au personnage principal. Mercedes est une jeune femme égoïste, une artiste centrée sur son art, sur ses propres émotions qu'elle est sans cesse en train d'analyser (ce qui fait que le texte tourne souvent en rond et n'échappe pas à de fâcheuses répétitions) et néglige les gens autour d'elle, tout en s'auto-congratulant les rares fois où elle n'ignore pas son entourage. Je me suis certes reconnue en elle dans certains aspects de ce renfermement sur soi et cette auto-satisfaction mais cela ne m'a pas empêchée de la trouver très irritante.
Il y a une amorce de romance mais comme je l'ai dit plus haut, la véritable amour de Mercedes, c'est sa peinture, ses toiles ... dès lors, il est dur de croire en son amour pour Victoria ou de se soucier de cela. L'auteur parlait de cet amour d'une très belle manière mais elle ne m'a jamais fait ressentir d'où il venait et il m'a paru très superficiel alors qu'il était censé être consumant.
Pour finir, je dirais que si le réalisme magique a fourni certains des passages les plus réussis, je n'ai pas apprécié la manière dont l'auteur s'en est parfois servi comme une manière de camoufler les faiblesses de l'intrigue. Lauren Karcz est cependant une auteure à suivre même si le potentiel de ce roman qui aurait pu être excellent a été un peu gâché. Certains passages magnifiques ont parfois rattrapé les aspects négatifs mais mon impression globale reste mitigée.
the gallery of unfinished girls de Lauren Karcz. 352 pages, Harper Teen. Publié lé 25 juillet 2017. (premier roman de l'auteur, pas encore traduit en français)
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